Ours Brun

Sanctuaire des ours

Kuterevo, Croatie

2 semaines d’écovolontariat au refuge pour ours bruns dans les montagnes Croates.

La structure

IMG_2022Le sanctuaire des ours de Kuterevo est parti à la base d’un projet social et communautaire lancé par Ivan dans les années 70 dans le petit village de Kuterevo isolé dans les montagnes Croates. Le but initial du projet était principalement social, il réunissait des jeunes du monde entier pour participer, ensemble, à la vie du village et reconnecter les gens. Ce n’est qu’en 2002 que le refuge récupère son premier ours orphelin dont la mère a été tué par des chasseurs. Aujourd’hui, le refuge accueille 9 ours de tout age, tous sauvés de zoos, de conditions de captivités déplorables et illégales, recueillis suites à la mort de leur mère ou parce qu’ils étaient domestiqués. Le refuge accueille de nombreux touristes gratuitement chaque année pour les sensibiliser à la cause de l’ours en Croatie et les informer sur sa biologie. Le refuge fonctionne principalement grâce à l’implication de nombreux écovolontaires autant pour les ours que pour faire vivre le village.

Leur mission

kuterevo mountain conecting peopleLa mission du refuge est d’offrir aux ours qu’il recueille des conditions de captivités et de vie optimales, les plus proches possible de leur environnement naturel, jusqu’à leur fin de vie. Les ours passeront en effet leur vie au refuge, ceux-ci ne pouvant malheureusement pas être relâchés. Ils sont tous domestiqués ou trop habitués à l’Homme pour pouvoir retourner dans leur milieu. N’ayant plus peur de l’Homme et le voyant comme une source de nourriture, ils se rapprocheraient des villes et villages où ils se feraient chasser.

La mission du refuge est également de sensibiliser les visiteurs à la présence de l’ours en Croatie. Malgré tout, le refuge n’est pas comparable à un zoo. Les visites y sont gratuites et si les ours choisissent de ne pas se montrer, on le respecte. La devise du refuge est « nous ne sommes pas là pour vous montrer des ours, mais pour parler d’ours ».

Une autre devise du refuge est « Mountains connecting people ». La mission première du refuge, sa mission de départ qui reste toujours omniprésente aujourd’hui, est réellement l’aspect social et communautaire. Reconnecter les gens et faire vivre le village par le partage et l’entraide.

les ours en Croatie

ours brun croatieL’ours brun est une espèce strictement protégée en Europe car il a pratiquement disparu de l’Europe occidentale. Depuis que la Croatie a rejoint l’Europe, le statut national de l’ours brun est donc passé de « protégé » à « strictement protégé ». Il reste cependant très nombreux en Croatie où vit la 2ème plus grande population d’ours brun d’Europe centrale, soit près de 1000 animaux. De plus, cette population se porte bien étant donné que l’on estime une augmentation de la population d’environ 15% chaque année. C’est pour cette raison que la Croatie a obtenu une dérogation afin de pouvoir chasser l’ours à hauteur de 15% afin de soit disant réguler la population.

Hors, la population d’ours se régule d’elle même en fonction de la nourriture et de l’espace disponible. Les ours sont des animaux solitaires et très territoriaux, ils ont chacun besoin d’un territoire très vaste duquel ils chasseront tout congénère. Les femelles n’ont des petits que tous les 3 ans car c’est le temps qu’il leur faut pour mener leurs jeunes à l’indépendance. Une fois chassés du territoire par leur mère, seuls les plus robustes et débrouillards survivront. Les femelles refuseront également de se reproduire si elles estiment que la nourriture n’est pas suffisante ou que l’environnement n’est pas propice. Il arrive également que les mâles tuent les petits d’une femelle en espérant pouvoir se reproduire avec elle. Bref, pas besoin de chasse pour réguler, la population excédante s’étendra sur d’autres territoires.

chasseLes méthodes de chasse pratiquées sont particulièrement vicieuses. Des points de nourrissage sont installés pour attirer les ours afin de pouvoir facilement les tuer. Les cibles privilégiées sont les individus matures. Le problème c’est que les individus matures sont plus expérimentés et savent quand les conditions ne sont pas propices pour avoir des petits. Ils auront moins tendance à se reproduire que de jeunes animaux inexpérimentés. Il n’y a donc pas une réelle volonté de réguler. Comme souvent, c’est ici un prétexte pour continuer un acte barbare ancestral et culturel. Il s’agit là d’une chasse au trophée qui peut rapporter gros. Une peau d’ours peut se monnayer plus de 2000€. Il arrive de voir des chasseurs parader fièrement dans les rues des villes avec un ours mort dans leur remorque… pitoyable… Il existe même des voyages organisés pour aller chasser l’ours.

Les ours à Kuterevo

IMG_1999Le refuge de Kuterevo recueille actuellement 9 ours dans 3 différents enclos. Le premier enclos recueille les 3 plus jeunes ours, 2 mâles et une femelle de 4 à 6 ans. Le second enclos, bien plus grand, accueille 5 mâles en pleine force de l’age, soit entre 10 et 12 ans. Dans le dernier enclos vie la doyenne du refuge qui a 32 ans. Cette dernière est très perturbée car elle a passée sa vie dans une petite cage d’un zoo dont elle a finalement pu être sauvée. Elle garde malgré tout de graves séquelles psychologiques, elle reste tout le temps cachée et continue à faire des allers-retours devant la grille de l’enclos.

Les ours sont regroupés en fonction de leur âge pour éviter de trop gros conflits de domination. Cela n’empêche qu’il y ait toujours un dominant par enclos. Ils sont tous stérilisés dans le but d’éviter les conflits, d’éviter d’attirer les ours sauvages mais également, bien sûr, d’éviter toute reproduction en captivité. Le refuge n’est pas un zoo et n’a pas la volonté d’imposer la captivité à de nouveaux oursons.

Tout est mis en œuvre pour offrir aux ours une vie la plus proche possible de ce qu’ils auraient dans la nature. On respecte leur régime alimentaire naturel en fonction de la saison : principalement de l’herbe au printemps, des fruits et légumes l’été, des fruits à coque l’automne, occasionnellement de la viande. Dans leur enclos ils ont à la fois une partie composée d’arbres et de buissons où ils peuvent se cacher et une parti découverte où ils peuvent profiter du soleil. Ils ont une piscine à disposition où ils aiment se baigner. L’hiver, ils hibernent dans un abris mis à leur disposition. Pour leur éviter de s’ennuyer, des enrichissements leur sont régulièrement proposés comme des glaces de fruits qu’ils mettent longtemps à manger ou des branches dans lesquelles on cache de la nourriture afin qu’ils réfléchissent à comment l’atteindre.

Mon expérience d’écovolontaire

écovolontariat ours kuterevoLes journées à Kuterevo sont bien remplies et souvent éprouvantes physiquement. Lorsqu’il n’y a pas cours de croate le matin, les journées commencent à 9h, sinon c’est 8h. Les activités varient en fonction des jours, des saisons et des besoins du moment. Durant mes 2 semaines, les activités principales étaient le ramassage de l’herbe et la construction d’un parc à poneys.

Nous sommes en effet à la fin du printemps et l’herbe sur les nombreuses parcelles du village est bien haute et abondante. Chaque jour, nous redoutons l’arrivée de Joja, le tondeur du village, et de sa machine infernale, une sorte d’immense tondeuse à dents! Il peut arriver à n’importe qu’elle heure, sans prévenir, et c’est alors parti pour quelques heures à ratisser l’herbe fraichement coupée à un rythme effréné pour l’aider dans sa tâche et lui dégager le passage. Ensuite, les jours suivant la tonte de la parcelle seront consacrés au ratissage de l’herbe coupée pour l’empiler en tas puis à son transport à la brouette jusqu’aux enclos des ours où elle sera distribuée comme nourriture. C’est une tâche longue et épuisante principalement car la quantité d’herbe est conséquente et les trajets à la brouette sont longs et parfois très pentus. Nous devons nous y mettre à deux personnes pour arriver à remonter les brouettes pleines des trous karstiques qui parsèment le village et les alentours du refuge. Cela nous prendra plusieurs jours. Mais lorsque l’on distribue enfin l’herbe aux ours, cela nous récompense de nos efforts en les voyant se rouler dans l’herbe et y fouiller les meilleurs morceaux à grignoter ! Pour éviter que les ours se battent entre eux lors de la distribution de nourriture, nous devons nous assurer de la répartir à plusieurs endroits de l’enclos, sinon, les plus gros et les plus forts se gardent tout pour eux. Quelques jours après que l’herbe ait été distribuée, Joja revient et c’est reparti pour un tour !

aureliePour ce qui est de la construction des enclos à poney sensés accueillir des poneys sauvés d’un zoo qui a fermé pour cause de maltraitance, nous travaillons avec un maçon du village qui ne parle que croate. La communication se fait principalement par des gestes ! Le travail consiste à peindre les clôtures à la chaux, transporter de lourdes planches, creuser la terre, la transporter à la brouette, la déverser dans l’enclos, mettre à niveau, récolter du gravier, le transporter à la brouette, le déverser, transporter des tuiles, etc… Autant dire qu’à la fin de la journée on est crevé.

La journée se fini généralement à 18h mais les visites continuent jusqu’à 20h voir plus. Les écovolontaires les plus expérimentés s’occupent généralement des visites et accompagnent les touristes à travers le refuge pour aller voir les ours tout en les informant sur la biologie de l’espèce, la situation des ours en Croatie ainsi que l’histoire et le fonctionnement du refuge. Comme il y a généralement des volontaires de nationalités différentes, les visites peuvent souvent être faites dans la langue des visiteurs.

IMG_2223Le soir, comme le midi, nous nous relayons pour cuisiner végétarien, faire la vaisselle et nettoyer l’espace commun. Il ne reste généralement que peu de temps pour se relaxer. Parfois, nous allons rendre visite à une grand mère du village qui fabrique des chaussons traditionnels en matériaux recyclés. A chaque visite, on a le droit à un shot de rakija, l’alcool local, et on repart généralement tous avec une ou plusieurs paires de chaussons ! Ce village très isolé vit encore à l’ancienne, les gens puisent l’eau au puits, coupent leur bois à la hache et leur herbe à la faux, les poules se baladent de partout… c’est vraiment ressourçant.

Malgré le problème de la langue qui restreint grandement, voir complétement, la communication avec l’équipe du refuge, cette vie communautaire entre écovolontaires IMG_2015rempli vraiment sa mission de « connecter les gens grâce à la montagne » ! En seulement 2 semaines, j’ai réellement eu l’impression de nouer des liens fort avec les personnes avec qui j’ai partagé cette aventure. Malgré la fatigue et la difficulté du travail, je garderai un très bon souvenir de mon expérience à Kuterevo.

Avant de quitter les lieux, comme chaque écovolontaire qui passe à Kuterevo, j’ai peint mon totem qui sera accroché avec les autres et j’ai reçu mon collier ours lors d’une cérémonie autours du feu, symbole de mon engagement pour le refuge.

Devenir écovolontaire à Kuterevo

Pour devenir écovolontaire à Kuterevo, vous devez être capable de comprendre et de vous exprimer un minimum en Anglais. L’équipe écovolontaire étant internationale, c’est indispensable pour communiquer. On vous demandera aussi d’apprendre les bases du croate car le gérant et les villageois avec qui on travaille ne parlent pas anglais. Des cours de croates seront dispensés plusieurs heures par semaine. La participation financière est de 100€/mois ou 5€/jour si vous restez moins longtemps. Le logement et la nourriture sont fournis. Les repas sont végétariens. Le logement est en dortoir. Le lieu de vie commun est un peu précaire mais eco-friendly : pas d’eau courante mais une pompe à eau manuelle à l’ancienne pour tirée l’eau du puits, toilettes sèches, douches solaires à l’extérieur,… Les écovolontaires travaillent 6jours/7 de 9h à 18h avec 1 à 3h de pose le midi en fonction des jours. Il n’y a aucun contact direct avec les ours, le travail des écovolontaires est souvent très physique et consiste généralement à l’entretien des installations : bricolage, jardinage, construction, accueil du public.

Les aider

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