Souffleurs d’écume
La celle, Var
Mon expérience dans cette association sort du cadre du bénévolat conventionnel car j’y ai effectué un service civique de 6 mois après quoi j’y ai été embauchée plusieurs années. Deux années de suite, au mois d’août, je les ai accompagnée lors d’une mission en mer de 10 jours pour étudier les déplacements des rorquals communs et des cachalots. Une expérience magique inoubliable que je souhaite partager ici.
La structure
Née en 2000, Souffleurs d’Écume est une association de loi 1901 à caractère scientifique agréée pour la protection de l’environnement. Elle a pour principal objectif le maintien des populations de cétacés de Méditerranée dans un état de conservation favorable. Privilégiant une démarche scientifique et de concertation, l’association développe des travaux axés autour des interactions entre les activités humaines et l’écosystème. La plupart des missions sont menées dans le cadre des activités du Sanctuaire Pelagos (accord Franco-italo-monégasque).
Sa mission
Pour mener à bien sa mission de « maintien des populations de cétacés de Méditerranée dans un état de conservation favorable », Souffleurs d’Écume axe principalement ses actions sur la limitation de l’impact des activités humaines sur les populations de cétacés. Les principaux axes d’étude sont :
- l’impact du trafic maritime sur les cétacés et notamment la problématique des collisions entre navires et grands cétacés
- l’impact des activités touristiques de whale-watching et de nage avec les dauphins
- la formation, l’information et la sensibilisation
Souffleurs d’Écume a mis en place un système qui permet de limiter, si ce n’est d’éviter, les collisions entre navires et grands cétacés. Il s’agit d’un système collaboratif nommé REPCET installé à bord des bateaux permettant de transmettre en temps réel les positions des cétacés qui se trouvent sur les routes de navigation. Pour prendre en compte le déplacement des animaux, une zone de risque croit avec le temps autour de la position initiale. Les paramètres qui régissent l’ouverture de cette zone sont basés sur les vitesses de nage de ces animaux. Ainsi, les navires qui entrent dans une zone de risque peuvent ralentir, augmenter la veille et dévier leur route si besoin afin d’éviter une collision avec un cétacé. L’association forme également le personnel aux commandes des grands navires afin de les sensibiliser à la présence des cétacés en Méditerranée et à la problématique des collisions.
Souffleurs d’Écume a également mis en place un label pour une activité de whale-watching responsable qui ne perturbe pas les cétacés et sensibilise le public à la préservation du milieu et des espèces marines.
LA problématique des collisions
Depuis l’avènement de la navigation, la couche superficielle des mers et des océans n’est plus à l’usage exclusif des animaux marins. Si des navires peuvent entrer en collision dans cet espace, il arrive aussi que l’un d’eux percute un cétacé. Ces collisions se rencontrent dans toutes les mers du globe et peuvent se conclure par la mort de l’animal heurté. En Méditerranée, la communauté scientifique s’inquiète en particulier du statut du rorqual commun et du cachalot, pour qui ces accidents pourraient majorer gravement la mortalité naturelle. Dans le bassin nord-occidental, 16 à 20 % des baleines retrouvées mortes ont été tuées suite à une collision, et beaucoup d’individus vivants présentent des traces de ces accidents. Les collisions sont ainsi considérées comme l’une des principales causes de mortalité non naturelle des rorquals communs et des cachalots en Méditerranée.
Le cachalot, estimé par les spécialistes à moins de 1000 individus en Méditerranée, est probablement une des espèces les plus menacées aujourd’hui en Méditerranée. Le rorqual commun, quant à lui, est classé comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces en voie d’extinction. Ils seraient plus de 3500 en Méditerranée.
Pourquoi les baleines ne peuvent-elles pas éviter les collisions avec les navires ? Il y a plusieurs explications à cela. Le trafic maritime étant très dense en Méditerranée, il génère un bruit constant sous l’eau auquel les baleines s’habituent. Elles seraient donc dans l’incapacité de localiser un navire qui approche. De plus, les baleines se reposent en surface et peuvent alors se faire surprendre par des navires arrivant à grande vitesse.
Le suivi en mer
Au mois d’août, l’équipe de Souffleurs d’Écume part en mission : 10 jours en mer pour étudier les déplacements des rorquals communs et des cachalots. Le but est d’améliorer le système REPCET en affinant les paramètres des zones de risque de collision.
Nous embarquons donc à bord d’un grand voilier mis à disposition par l’un des administrateurs de l’association et nous partons au large des côtes des Alpes Maritimes et du Var à la recherche des baleines. Mon rôle à bord est de prendre des images photos et vidéos de la mission.
Nous passons la majorité du temps à scruter l’horizon à la recherche du moindre souffle de baleine. Cela demande beaucoup de patience. En attendant, il n’est pas rare de croiser un groupe de dauphins bleus et blancs qui viennent s’amuser à l’étrave du voilier. Lorsque la mer est « moutoneuse », que de l’écume blanche se forme au sommet des vagues, on a l’impression de voir des baleines partout. Mais lorsqu’on repère un réel souffle, on le sait tout de suite ! Un souffle haut et droit pour le rorqual, un souffle bas et oblique pour le cachalot. Dès que l’animal est repéré, on commence à relever les données toutes les minutes (position GPS du bateau, distance et position de l’animal) pendant que l’on s’en rapproche. Le but de la manœuvre est de rester à bonne distance afin de ne pas perturber l’animal et que ses déplacements restent naturels. Pour cela, notre capitaine effectue les manœuvres à la voile et respecte les règles d’approches du code de bonne conduite pour que nous soyons les plus discrets possible. En fonction des déplacements, on peut comprendre l’activité de la baleine : en repos si elle est calme et stationnaire, en train de s’alimenter si elle est active dans une même zone, ou bien en transit si elle se déplace rapidement dans une direction précise.
Parfois, la baleine s’approche d’elle même. Nous avons vécu des moments incroyables où une baleine est passée juste sous le bateau, c’était impressionnant ! Une autre fois, nous étions au beau milieu d’un groupe de 4 rorquals c’était magique ! Dans ce cas là, nous pouvons faire de la photo identification en photographiant la nageoire dorsale ou caudale, ce qui pourrait ensuite nous permettre de les identifier individuellement.
La baleine reste généralement plusieurs minutes à la surface avant de sonder (plonger en profondeur). Il faut alors attendre qu’elle remonte à la surface avant de pouvoir continuer le suivi. Le problème c’est que les rorquals peuvent rester une 20aine de minutes sous l’eau, et les cachalots 1h30 (50min en moyenne) ! Ils peuvent en parcourir de la distance pendant ce laps de temps et nous n’avons aucune certitude de les retrouver. Néanmoins, nous avons parfois pu suivre certaines baleines plusieurs heures. Cela devient plus compliqué lorsque nous nous retrouvons avec plusieurs individus dans la même zone. En effet, comment être certains de quel individu il s’agit lorsqu’il remonte de sonde. Dans ce cas, on abandonne la récolte des données et on profite de la magie de l’instant !
Les 2 missions que j’ai passées avec Souffleurs d’Écume furent des moments magiques à jamais gravés dans ma mémoire.
Les aider
L’association ne prend pas d’écovolontaires. Vous souhaitez aider Souffleurs d’Écume à protéger les cétacés de Méditerranée ? Vous pouvez :
- Faire un don
- Acheter un cadeau sur leur boutique en ligne
- Lors de vos voyages en ferry, choisissez des compagnies utilisant le système REPCET
- Lors de vos sorties whale-watching, choisissez des opérateurs labellisés High Quality Whale Watching
Merci pour ton blog, agréable à lire et foisonnant de récits magnigfiques! Quel dommage que Souffleurs d’Ecumes ne prennent pas d’écovolontaires ! Bonne continuation !
Bonjour,
Comment as-tu réussi à faire deux missions avec eux s’ils ne prennent pas d’écovolontaires? 🙂
Bonjour, j’étais employée chez eux 🙂
bonjour, comment à tu fait pour les contacter ? Je ne vois pas d’adresse mail, ni de numéro de téléphone.
Bonjour, va voir sur leur site ou même leur page FB. Par contre, comme précisé dans l’article, ils ne prennent que rarement des bénévoles pour des occasions bien précises et généralement pas pour des missions de terrain.